Ft. Jim Sturgess

❝ You do it to yourself, you do... and that's what really hurts.❞

Et il court. Dans les rues de la ville. Il a la gorge sèche. Son corps lui fait mal, ses jambes lui crient d'arrêter. Mais l'adrénaline parcourt son corps, son sang, et lui donne l'impulsion de la dernière chance. Derrière lui, des cris. D'autres êtres qui le poursuivent, qui lui hurlent de s'arrêter. Il y a même des détonations. Ils commencent à lui tirer dessus ! Il grimace, tente d’accélérer. Si il ne se dépêche pas, il va y rester, il le sait. C'est la vie, ou la mort. Il n'arrive même pas à croire que les choses aient pris de telles proportions. C'est incroyable, ça lui paraît presque irréel. On cherche à l'abâtre. Son seul crime ? Croire que la paix est encore possible.

Quelques minutes auparavant...

Il se pose devant sa caméra. Fixe l'objectif, sentant la pression monter en lui. Il fait sombre dans toute la petite pièce. Seule une lampe de bureau éclaire à moitié le visage de Jaime. Ses yeux, eux, sont bien masqué par la pénombre. Il esquisse un sourire, avant de faire un petit signe de la main à Daniel, qui allume la caméra. Jaime se détend légèrement. Son sourire ne fait qu’accroire, alors que son regard se plante sur la petite lueur rouge qui clignote face à lui, signe que la caméra est bien enclenchée. Que ce qu'il dira à présent, sera enregistré, et diffusé sur Internet.

« Bonjour. Je suis Oméga. Aujourd'hui, nous avons déploré encore des morts. Trop de morts. Il faut que cela cesse. La confrérie vous ment, à vous. Elle essaye de vous faire croire que les attentats sont la seule solutions. Mais c'est faux. Il y a d'autres solutions. Venger nos pertes ne les fera pas revenir. Nous venger ne servira qu'à attiser un peu plus la haine que nous porte déjà la Surface. Aujourd'hui, comme nous, des tas de familles innocentes on perdu un être cher. C'est inacceptable, même pour eux. Cela doit cesser. »

Son ton est sévère. Et sec. Mais étrangement pleins d'espoir. Il croit en chacune de ses paroles. Il sait son charisme fort, et il joue là-dessus. Il est déterminé, et son message l'est aussi. Il sourit, marque une pause. Puis, il termine.

« La paix est la solution.  »

Là dessus, il effectue de nouveau un petit signe à l'intention de son meilleur ami. C'est fini. A présent, la vidéo allait être diffusée, de partout dans l'En dessous. Ils ont déjà prévu de saturer les réseaux avec cette vidéo choc, allant clairement à l'encontre de la confrérie. Ils n'en sont même pas à leur premier coup. Habituellement, Jaime passe par d'autres médias. Les journaux clandestins. Les affiches. Les pétitions. Les lettres anonymes. Mais cette fois, il veut cogner fort. Il veut faire rager ces autorités, cette connerie de confrérie qui cherche à le faire taire, et surtout à le retrouver, à partir du moment où il avait lancé cette action. Il se lève de sa chaise, pour ouvrir son ordinateur, et mettre la vidéo en ligne.

Cela ne dure que quelques minutes. Et aussitôt, la vidéo fait le tour de l'internet. La magie des réseaux sociaux. Jaime ne peut s'empêcher d'afficher sa joie, et serre dans ses bras son unique et meilleur ami. Il sait que sans lui, il n'est rien. Que c'est lui, qui lui donne le courage de faire tout cela. De se faire entendre, car Daniel est le premier à l'avoir écouté.

Mais il ne leur faut pas longtemps pour réaliser l'étendue de leur erreur. De leur naïveté. Parce qu'Internet est un réseau bien trop facile à manipuler. Parce qu'il est trop facile de remonter à eux. Et que déjà, quelqu'un frappe violemment à leur porte. Ils s'échangent un bref regard, paniqué. Ils savent ce qui les attend derrière la porte. Et ils n'ont aucun moyen de fuir. Déjà, la porte craque, et des cris retentissent. Ils courent tous les deux vers le fond du studio, et s'élancent dans la salle de bain. Là, est leur seule issue. Ils donnent un grand coup dans la fenêtre, qui vole aux éclats. Et sans réfléchir, bien qu'ils se trouvent au 3ème étage de l'immeuble, ils sautent par l'ouverture de cette dernière.

Jaime atterrit sur ses pieds, grimaçant sous le choc. Mais Daniel, lui... Tombe moins bien. Il s'écroule au sol, dans un bruit sourd. Il gémit, se tient la cheville, qui est tordu. Stone se penche sur lui, cherche à l'aider à se relever. Mais Daniel retombe aussitôt au sol, dans un gémissement.

« Casse toi. Court putain, c'est pas grave, laisse moi. Ils vont te chopper si tu cherches à m'aider ! C'est pas grave, t'en fais pas pour moi. CASSE TOI !»

Et il hésite encore... Avant de s’exécuter, le cœur en miette. Mourir tout de suite aurait certainement fait moins mal, qu'il se dit, courant à toute allure.

Et c'est là qu'on le retrouve. Après une course durant de longues minutes. Le corps faiblissant de plus en plus à chaque instant. Il s'étonne de ne pas encore être à terre. Mais il pense à Daniel. Son sacrifice ne sera pas vain... Mais il ne tient plus. Alors, il tourne à une ruelle, et roule sur le côté. Se réfugiant contre le mur et... Disparaissant de la vue. Se recroquevillant, retenant sa respiration pourtant lourde. Il se cache, grâce à son pouvoir. Il voit ses poursuivant passer à côté de lui, l'ignorant totalement. Ils abandonneront d'ici quelques minutes, se rendant à l'évidence : ils ont été semés.

Un jour plus tard.

Il erre. Dans la ville. Le regard vide. La défaite se lit dans ses yeux. Son corps lui fait mal, la fièvre lui brûle le front. Il suffoque presque, à l'impression d'étouffer. Il veut aller voir son père. Celui qui l'a élevé, celui qui a fait de lui l'homme qui l'est aujourd'hui. Cet être, qui, tout seul, lui a appris la vie, et la paix. La liberté d'esprit, l'ouverture. Il lui a inculpé tellement de valeurs chères à son cœur, que maintenant, il a juste envie de le voir. De le serrer dans ses bras. Mais il sait que c'est trop dangereux, d'aller se risquer chez lui. Idem pour le bureau du journal. Ils l'y attendent sûrement... A l'inverse de son patron, qui doit l'avoir rayé de la liste des employés, alors qu'il devait inscrire sur son propre journal son avis de recherche. Il s'est foutu dans une putain de galère. Et il s'en mord les doigts.

Et là, sa carcasse invisible vacille entre les anonymes, qui circulent dans la ville. Il les regarde, les observe. Il se délecte de chacune de leur expression, boit chacune de leurs paroles. Et une voix attire son attention. Une jeune fille, d'une vingtaine d'années à peine, qui s'adresse à voix basse à ce qui semble être son petit ami.

« Tu sais, moi je pense qu'Oméga avait raison... J'aimerai bien avoir le courage de dire ce que je pense de tout ça, moi aussi... »

Son petit ami fronce les sourcils, avec sévérité, et la reprend d'un air presque paniqué.

« Mais dis pas ça... Cherche pas à t'impliquer Jenna, c'est trop dangereux... »

Jaime se fige, alors que le couple passe devant lui, le frôlant presque. Ils s'éloignent, mais Stone reste sur place. Figé. Puis, il se met à courir, déterminé. Il va continuer, ouais. Pour Daniel, pour cette Jenna, pour son père, pour tous ceux qui croient en lui. Il n'allait pas rester sur une défaite. Non, c'était certain... Il allait revenir en force, seul ou non, il s'en foutait. Il allait le faire, peu en importait les conséquences.