Ft. Nico Tortorella

❝ Force-toi à sourire même si la vie est moche, peut-être sourire te persuadera qu'elle est belle. ❞

Ben moi, c'est Sebastian.
J'ai toujours été tout ce qu'il y a de plus normal dans le sens que j'avais un petit groupe d'amis (sans pour autant faire partie des « populaires »), j'ai toujours réussi au niveau scolaire sans qu'on me traite «  d'intello » …
Mais ce n'est pas parce que je suis « normal » que ma vie n'a jamais été un peu mouvementée.

La première vague que j'ai connue c'est le départ de ma mère alors que j'étais âgé de trois petites années. Elle est partie sans prévenir personne. Elle nous a emmenés Alice et moi le matin à l'école, et n'est jamais venue nous chercher à midi. L'école a dû appeler notre père, qui travaillait, pour qu'il vienne nous chercher. Arrivés chez nous, on s'est très vite rendu compte que la totalité des affaires de ma mère avait disparu, en même temps qu'elle. La semaine d'après nous déménagions de Miami en direction de la Nouvelle Orléan.

Dix ans plus tard, c'est cette fois pour Alice, de six ans mon ainée, qu'il a fallu qu'on déménage.
En effet, la pauvre se faisait traiter de « sorcière », « truc bizarre », « erreur de la nature » … par les enfants du quartier, et le regard des adultes semblait signifier la même chose.
Un an plus tôt, nous étions elle et moi sur son lit, et elle m'avait dit « je peux lire les pensées des gens, sauf les tiennes».
Le problème c'est que durant l'année, elle n'a pas su bien cacher son don. La vérité est qu'elle l'avait dit à sa meilleure amie du moment, qui lui a tourné juste après le dos et fait répandre la rumeur sur le don de ma soeur.
Et voilà, nous sommes partis de la Nouvelle Orléan en direction de Dallas.

Alors que ça ne faisait que deux ans que nous étions à Dallas, notre père est mort alors qu'il tournait un reportage en Afrique.  (Oui j'ai oublié de vous dire qu'il était journaliste.) Et contrairement à ce que vous pouvez penser, il n'est pas mort tué, n'a jamais été kidnappé … il a juste eu une crise cardiaque qui aux États-Unis aurait pu facilement être prise en charge, mais qu'en pleine savane il est dur de guérir.
Je me rappelle m'être rendu compte le jour de son enterrement, qu'il était très respecté par tous ses collègues. Certains avaient traversé tout le pays seulement pour lui porter hommage.
Mais ce jour-là est aussi important car il a été porteur du premier indice sur l'identité de la mère d'Alice. En effet les collègues de mon père nous ont dit qu'alors qu'il avait raconté à tout le monde être sur la voie d'un super scoop, il avait disparu durant trois ans, avant de réapparaitre seul avec une petite fille âgée d'un an, qui n'était autre qu'Alice.
Donc voilà, j'avais 15 ans lorsque Alice est devenue ma tutrice légale. Cette fois nous n'avons pas déménagé. Aller où de toute façon? Alice et moi étions seuls, sans autre famille.

Et enfin, le dernier événement marquant de ma vie date d'il y a un peu plus d'une semaine, et c'est aussi à « cause » de lui si j'ai décidé de venir à Phoenix.
Je ne sais pas si c'est le fait qu'il soit encore frais en tête, mais c'est un événement qui m'a bouleversé, choqué, traumatisé...
Cet événement n'est autre que la mort de ma demi-soeur Alice.
Nous marchions tranquillement dans la rue, lorsqu'elle a mis sa main sur son cœur, avant de s'effondrer pour ne jamais plus se relever.
Je pense qu'elle était déjà morte avant même que je sorte mon téléphone de ma poche pour appeler une ambulance. La totalité du personnel médical n'a rien compris. Ils n'ont su que me dire que c'était « une mort foudroyante ». Les tests toxicologiques étaient clean. Le seul problème était le coeur de ma soeur, mais vu son âge, les médecins ont tous été surpris par les conclusions.
Le lendemain de l'enterrement d'Alice, en rangeant des affaires qui lui appartenaient, j'ai  découvert un carnet.
Il y a deux écritures différentes dans ce carnet. En fait on dirait un vieux journal intime de quelqu'un (vieux car l'une des encre semble s'effacer à cause du temps) et qu'Alice avait pris des notes sur ce qui avait été écrit.  Le marque-page est un ticket d'avion pour Phoenix. La date du décollage était dans deux jours. Sans vraiment réfléchir, je me suis dit que la meilleure façon d'honorer la mémoire de ma sœur était peut-être de faire ce voyage pour continuer son « travail ».
Voilà donc pourquoi je viens de sortir de l'avion qui m'a emmené à Phoenix, avec pour bagage quelques vêtements, mais surtout le carnet et une photo d'Alice avec mon père.